TRIGGER WARNING

— rien à signaler —

Sortie en 2018, Celeste est un jeu de plateforme en pixel art. Vous y incarnez une jeune femme au nom de Madeline qui part à l’assaut d’un sommet montagneux de l’Ouest canadien : le Mont Celeste, d’où le nom du jeu… Vous l’avez surement déjà compris, mais si Celeste a été retenu comme un jeu à tester sur Femigeek, c’est avant tout parce que le personnage principal est une femme, qui de plus brise pleins de stéréotypes ! De un, elle montre par ses superbes talents d’alpiniste que cette pratique n’est absolument pas réservée aux mecs ! Et de deux, elle brise le stéréotype de la demoiselle en détresse, beaucoup trop présente dans le monde du jeu vidéo. Mais c’est quoi ça, « la demoiselle en détresse » ? Pour faire court, il s’agit d’une figure rhétorique présente dans de nombreux médias, aussi bien au cinéma que dans des œuvres littéraires, sans oublier bien sûr les jeux vidéo. Concrètement il s’agit simplement du fait que le but de l’aventure soit centré autour de l’objectif de sauver des griffes du méchant un personnage féminin sans défense. Parmi les exemples flagrants, nous pouvons tout simplement mentionner les premiers jeux Mario, où l’on devait délivrer la princesse Peach des mains de Bowser. Le fait que Mario soit un homme ne fait qu’accentuer encore davantage le phénomène (pour une analyse plus approfondie du concept de la demoiselle en détresse, voir notre article ici sur le sujet). 

Pour Madelin c’est tout le contraire ! En effet, sans vouloir spoiler pour celles et ceux qui n’auraient pas encore eu l’occasion de jouer à Celeste, Madeline nous prouve au travers de sa détermination à gravir la montagne qu’elle est tout sauf une princesse à sauver. De plus, lors de son aventure c’est même elle qui sauvera Théo, un homme, que nous rencontrons à divers moments de l’ascension. Cependant, corrigeons tout de suite, l’ascension de la montagne par Madeline n’est pas motivée par une quête de sauvetage : le scénario de Celeste ne repose donc donc pas simplement sur un inversion de la “demoiselle en detresse”. Le sauvetage de Théo est juste l’une des épreuves que Madeline devra accomplir afin d’arriver au sommet.

Mais alors, pourquoi Madeline veut arriver en haut de la montagne, vous pourriez vous demander ? Et vous le faites bien, car cette question fait partie intégrante du gameplay et c’est à celle ou à celui qui tient la manette dans ses mains de découvrir, voir presque deviner, aux fils des chapitres du jeu, la motivation de Madeline. En effet, le jeu débute sans préambule, de façon in medias res pourrait-on dire, et cela produit, selon nous, un impact important vis-à-vis du degré d’identification que l’on peut avoir pour Madeline. Il faut relever les petits détails, chérir la moindre information que le jeu peut nous donner, afin de comprendre pourquoi on est là sur cette montagne enneigée. Cependant, l’avarice du jeu nous oblige à combler de nous-mêmes certain passage de la narration, ce faisant, la joueuse ou le joueur n’est pas simplement en train d’appuyer sur des boutons de manette afin de passer de niveau, mais iels comblent la narration lacunaire, et cela de sa propre imagination. Autrement dit, il est possible de s’approprier une part de l’aventure de Madeline, faisant de cette ascension un peu la nôtre également.

Si l’on combine ce facteur au fait que le jeu est tout de même très compliqué à des moments, cela fait que chaque réussite, chaque saut et franchissement d’obstacle âprement réussi, est non seulement une maîtrise technique de la part de la joueuse ou du joueur, mais également un pas de plus dans la réalisation de l’objectif qui avait poussé Madeline (donc nous aussi un peu) à partir à l’assaut du Mont Celeste ! Notons également que certains passages du jeu, les plus compliqués, sont optionnels. C’est le cas par exemple de la récolte de fraises, des « bonus » disposés à de multiples endroits dans le jeu, mais en général très compliqué à atteindre et qui peuvent être complètement ignorés si envie. Du coup, même si l’on n’est pas des pros des platformers, le jeu peut tout de même être terminé (comptez grosso modo 10 heures de jeu) ou l’on peut être perfectionniste et s’arracher les cheveux afin de récolter tous les bonus !

Pour revenir sur le but de l’ascension de la montagne, on peut retenir que cette dernière a souvent été perçue comme une métaphore du combat contre la dépression, des anxiétés, le dépassement de soi-même ou encore des luttes LGBTQ+. Concernant ce dernier point, le lien entre Celeste et la communauté trans est clairement établi en 2019, avec la sortie du dernier DLC (gratuit) de Celeste. En effet, dans une des dernières scènes du jeu, de petits drapeaux LGBTQ+ et trans sont discrètement placés dans le décor. Madeline devenant de facto, une des rares héroïnes trans du monde du jeu vidéo. Ceci a même été confirmé par la créatrice du jeu, Maddy Thorson, qui a elle-même fait une transition entre la sortie initiale du jeu et le dernier DLC.

Bref ! Celeste est un superbe jeu, aussi bien techniquement, narrativement, que politiquement et la rédaction de FemiGeek ne peut que vous inviter à y jouer !

Données techniques

Les points forts

  • Des magnifiques pixels
  • Un scénario envoutant
  • Une histoire qui ne repose pas sur des rhétoriques sexistes
  • Une difficulté bien géré

Les points faibles

  • Un peu court éventuellement
  • Certains passages un peu frustrant tout de même!