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— rien à signaler —

Plongez-vous dans l’univers riche en couleur où l’hétéronormativité n’est pour une fois pas la norme avec Invisible Kingdom. Scénarisé par Gwendolyn Willow Wilson, et dessiné par Christian Ward, ce Space Opera sorti en 2019 aux USA (2020 pour la publication française) vous fera suivre deux histoires parallèles – à l’intrigue somme toute assez “classique” – qui se rejoignent au cours de l’œuvre.

L’intrigue initiale est somme toute assez “classique”. L’on suit deux histoires qui, dans un premier temps sont en parallèle puis se rejoignent. D’un côté, l’on suit Vess, une roolienne qui cherche à devenir une “non-un”. Ces dernières sont une sorte de nonnes de l’espace, qui vivent dans un monastère volant. De l’autre l’on suit Grix, capitaine d’un vaisseau, qui procède à des livraisons pour une entreprise interplanétaire: Lux. Où est l’aspect “classique” dans un monastère volant et un vaisseau-livreur me direz-vous? Eh bien c’est tout simplement qu’hormis le décor de science-fiction, il s’agit d’une histoire de corruption d’une grande entreprise, de corruption de monastère, et une histoire d’amour des plus américaines. Mais le dessin est vif, original et l’histoire est, somme toute, pleine de rebondissements.

Un scénario pas fifou, une histoire d’amour à l’américaine mais des personnages originaux

L’un des points forts de la trilogie, c’est l’histoire d’amour entre deux personnages. On en dit pas plus car ce serait du spoil. Mais, pour vous donner un indice, l’on est hors des sentiers battus de l’hétéronormativité. Les personnages sont intéressants et les univers d’où ils viennent sont originaux, même si on aimerait en savoir plus. Aussi, l’histoire d’amour principale de l’histoire est “ à l’américaine” et donc du style “Je l’aime, mais je vais pas le lui dire parce que c’est trop compliqué de communiquer”. 

Dans l’univers créé par Wilson et Ward, on peut aisément voir l’analogie entre l’entreprise Lux, qui détient le monopole des livraisons dans l’histoire ainsi que le monastère corrompu. En effet, l’entreprise reflète le monopole détenues par certaines entreprises (les GAFAM au hasard à l’heure actuelle), et leur toute-puissance qui frôle l’indécence. En parallèle, dans le monastère volant, l’on y retrouve tous les torts et travers que l’on peut reprocher aux institutions religieuses. Notamment, les plus hautes sphères sont totalement corrompues, décrédibilisant ainsi le message religieux de base. Il faut y voir ici une critique des institutions et non de la religion. En effet, cela renvoie à l’histoire personnelle de la créatrice Gwendolyn Willow Wilson qui s’est convertie à l’islam en 2003. Enfin, élément très intéressant dans le scénario, l’on assiste à l’histoire d’une lanceuse d’alerte, de ses doutes et des réactions de l’institution et de l’entreprise qu’elle dénonce tout comme l’inactivité ou la non-réaction de la sphère politique. Aussi, les personnages principaux sont féminins et les masculins sont secondaires. Ca change! 

Des graphismes et des couleurs parfaits pour la SF

Le dernier point, mais non des moindres, et qui devrait vous convaincre de lire la trilogie, c’est l’aspect esthétique. Véritable claque visuelle, on y voit des paysages qui se marient parfaitement avec l’univers SF des BD. Les auteurices nous livrent également des magnifique portraits des personnages qui transcrivent tant l’émotion des protagoniste mais aussi l’ambiance dans laquelle l’on s’inscrit. 

Donc, pour conclure, même si l’histoire n’est pas des plus élaborées, elle reste plaisante et intéressante. L’univers est original et les différents messages véhiculés sont relativement bien construits et piquent notre curiosité. Mais ce qui est, pour notre part, la principale motivation de la lecture, ce sont les couleurs et les dessins qui arrivent parfaitement à nous transmettre le message voulu. Le tout dans une histoire amoureuse qui sort du cadre hétéronormé dans lequel l’on est, l’on a été convaincues par cette trilogie et on vous la recommande.

Données techniques

Les points forts

  • L’histoire d’amour qui sort des carcans hétéronormatifs
  • Graphisme
  • La visibilisation des lanceuses d’alerte

Les points faibles

  • L’histoire un peu trop à l’américaine

  • Histoire manichéenne